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Le recrutement dans la filière équestre

Amateur de chevaux et d'équitation, en recherche de votre voie professionnelle, une volonté de vous reconvertir dans votre passion de jeunesse... Vous avez peut-être croisé cet appel.

"Le cheval recrute"

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Une invitation marketing séduisante, décryptée pour vous.

Attention, ce slogan publicitaire peut avoir deux lectures et l'une est inexacte.

En effet, la filière recrute en permanence, c'est vrai (et ce n'est pas nouveau). C'est un phénomène qui existe depuis les années 90 avec l'explosion du nombre de poney-clubs et des activités ludiques.

Mais ne vous y trompez pas, ce n'est pas une filière qui se développe. Les postes proposés sont principalement des postes existants (et non des créations de postes) laissés vacants par des départs d'employés déçus.

Les emplois dont il est question sont essentiellement :

-Animateur

-Enseignant

-Palefreniers (dit agent d'entretien ou soigneur ou encore chef d'écurie)

-Groom

-Cavalier soigneur

Des opérations de "datings", des salons de recrutement, des plateformes, des portes ouvertes... se multiplient ces dernières années. Beaucoup d'offres, mais peu de demandes. Les candidats manquent aujourd'hui.

La filière a énormément formé (la formation est un marché qui rapporte grâce aux coûts élevés financés de manières privées ou publiques) et mis sur le marché un nombre important de personnel qui occupe principalement des postes "premiers emplois". Ces postes du bas de l'échelle, aux conditions précaires et difficiles sont souvent abandonnés dans les 3 premières années d'exercice.

Entrer dans la filière équine, se former, se perfectionner... est devenue globalement de plus en plus facile d'années en années.

Par contre, la vraie difficulté dont aucune institution ne s'occupe réellement est l'évolution de carrière. Evoluer en terme de poste, de salaire, de reconnaissance... reste relativement limité. Tout comme la reconversion en interne n'est pas du tout organisée. Livrés à eux- même une fois diplômés, les plus courageux ont intérêt à sortir leurs rames pour se faire une place et "gravir les échelons" de manière officielle. Avoir accès aux postes véritablement intéressants est mission impossible par la voie honnête. Il manque notamment un véritable service dynamique de reconversion, une sorte de grande ressource humaine commune à l'ensemble de la filière. 

Aujourd'hui, quand on parle de reconversion dans le secteur, les institutions censées pourtant l'organiser pleinement entendent "entrer ou sortir" de la filière mais pas réellement y évoluer ou changer de branche tout en restant dans la filière équestre ou sportive... C'est assez révélateur des carences du milieu.

La filière est un véritable panier percé. Elle perd de "mauvais" éléments (ou plutôt ceux que certains pontes n'ont pas su former ou qu'ils ont trop voulu formater), comme les bons éléments.

Trop peu d'employeurs encore se soucient des conditions d'exercice de leur personnel. De l'ambiance, du bien-être au travail, etc.

Il n'y a par exemple, quasiment plus aucun avantage à travailler dans la filière équestre. Concrètement plus aucun avantage spécifique (pension, hébergement, sorties en concours, droit d'avoir son chien sur son lieu de travail...).

D.R

Le proverbe : " Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés"

C'est particulièrement vrai dans la filière équestre.

Les contrats ne sont plus que des devoirs sans droits ou presque. Ce que l'on vous fait passer pour des avantages du poste n'est pas liés au poste mais une obligation au code du travail (mutuelle...). Il n'y a pour l'employé quasiment plus d'intérêt spécifique à être dans la filière équine plutôt qu'une autre.

"Les contrats sont davantage respectés qu'il y a quelques décennies". Voilà ce que l'on met dans la tête des jeunes. Très bien ! Encore heureux, ils sont tellement basiques et à l'avantage de l'employeur qu'ils ne peuvent QUE les respecter. 

Les employeurs  pensent que faire un  métier que l'on a choisi est déjà un avantage et qu'à partir du moment où c'est un choix, ils peuvent faire faire n'importe quoi sous couvert du métier "passion"...

Quand on écoute les employeurs, quelle que soit la branche d'ailleurs, c'est soi-disant une branche "spéciale" qui nécessite de fermer les yeux sur pas mal de choses. (A croire qu'il n'y a que des branches spéciales car on entend cela partout). On doit toujours faire des entorses au code du travail et accepter tout et n'importe quoi. Les mauvaises conditions de travail infligées aux employés viennent surtout du fait d'employeurs toujours en recherche d'économies (un peu trop parfois au détriment des chevaux ET du personnel) et/ou à une mauvaise organisation. De nos jours choisir son métier n'est pas rare, et ce n'est pas parce que l'on a choisit que l'on doit être le dindon de la farce. De nombreux autres métiers choisis sont bien mieux organisés dans l'intérêt de fidéliser le personnel, pendant que dans l'équitation c'est presque mal vu. 

Dans l'équitation, il faut "en baver", même lorsque l'on peut faire autrement...Allez savoir pourquoi ?...

Les employeurs ont organisé la désaffection de la profession (pas volontairement bien sûr mais par manque de recul, de prise de conscience de l'évolution de la société entre autre), et rejettent la faute sur un soi-disant  manque d'investissement, de courage, de persévérance, de détermination, de motivation ... de la jeune génération. Les emplois ont été dépréciés pour avoir des gens bien "malléables". On rabaissé l'image des fonctions pour que les employés ne la "ramène" pas trop et acceptent les bas salaires et autres conditions abjectes.

Nombreux dirigeants ne se sont pas véritablement remis en question et ont préféré miser sur un vivier qui a été important pendant un temps pour renouveler une main d'oeuvre fuyante vers une meilleure condition de vie et de travail. Sauf que les conditions de travail qui se sont quand même assez peu arrangées au fil du temps associées à des avantages qui ont disparus ont cessés d'attirer. Le vivier s'est épuisé et peine à se renouveler.

Le business des formations (sous toutes leurs formes) s'essouffle. Les candidats y entrent de plus en plus facilement mais pour un tiers ne finissent pas leur formation, un second tiers n'exercent finalement pas une fois diplômé, un dernier tiers exercera entre 3 et 5 ans en moyenne.

Si les places en formation sont nombreuses, les postes intéressants en sortie de formation le sont beaucoup moins...

"Le cheval recrute"...Déjà sceptique sur le fait d'utiliser "le cheval" comme désignation d'un "métier". Le cheval n'est pas un sport, ce n'est pas non plus un métier, c'est un animal. 

L'équitation est un sport et la filière équestre représente des métiers. L'équitation peut recruter, la filière équestre aussi, mais le cheval non... Le fait de vulgariser à ce point l'animal n'est déjà pas très judicieux. L'expression n'est pas très élégante.

Les portes sont grandes ouvertes pour entrer en formation au sein de la filière équestre c'est séduisant. Quelle que soit votre situation, votre niveau scolaire, votre âge, ... on vous trouve une formation et une brouette à pousser. Par contre, dès que vous voulez faire valoir votre expérience, vos formations supplémentaires, vos compétences, votre souhait d'évolution... on vous remet à votre place, on vous montre la sortie, on vous y pousse d'ailleurs c'est moins coûteux de vous faire partir de vous-même. On vous demande d'attendre votre tour et on vous fait faire tout et n'importe quoi en vous faisant miroiter les fonctions, le salaire tant attendu (et accessoirement mérité).... Ce que vous ne voyez jamais arriver bien entendu. 

Oui la filière équestre est une belle filière, comme l'agriculture, l'artisanat, les métiers de l'art, ... Mais tellement de monde y fait n'importe quoi n'importe comment...Certains pensent que l'équitation leur appartient, se hissent à des postes stratégiques et font la pluie et le beau temps en ne pensant qu'à  leurs intérêts (financiers et politiques).

De très mauvaises "maisons" ont pignon sur rue et trop de mauvais éléments ont des postes clefs. Ils gangrènent un beau système au potentiel énorme et ternissent l'image du sport et de la filière avec des pratiques douteuses.

Résultat : cela n'a finit par attirer presque que des gens irrespectueux de leur travail, de leur structure et de leurs employeurs (y compris les bons, parce qu'il y en a) et le cercle vicieux à été lancé.

Seules quelques rares "maisons" ont su conserver une certaine hauteur. Il y fait bon exercer encore sereinement. Elles recrutent peu malheureusement, il faut bien les chercher. Alors si c'est votre voie, ouvrez l'oeil, elles sont discrètes.

 

Autres articles complémentaires : Les diplômes d'encadrement équestre et Enseignant métier sérieux ou pas sérieux

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